Sur invitation de la China Society of Law, le Président du Conseil Constitutionnel, Mr Abdi Ismael Hersi a prit part au forum China/Afrique, coopération sur le Droit qui s’est tenu à Changsha, province de Hunan, du 10 au 11 juillet 2025.
Une trentaine de délégués de haut niveau du continent Africain ont participé à ce forum à coté des membres de la société du droit de la Chine.
A cette occasion, le Président a fait une intervention saluée par tous les participants sur la coopération Sino/Africaine (rôle du Droit).
Mesdames et Messieurs,
Distingués invités,
- Il est pour moi un honneur et un réel privilège de m’adresser à vous aujourd’hui à l’occasion de ce Forum sur le Droit dans le cadre de la coopération entre la Chine et l’Afrique. Ce forum marque une étape significative dans le renforcement des relations entre nos deux régions, un partenariat stratégique qui a évolué au fil des années pour devenir un moteur clé de développement, d’innovation et d’échanges culturels, au sein d’un sud global inclusif.
- Une coopération historique et mutuellement bénéfique.
- La coopération entre la Chine et l’Afrique ne date pas d’hier. Elle trouve ses racines dans des siècles d’échanges, qu’ils soient commerciaux, culturels ou diplomatiques. Mais c’est au cours des dernières décennies que ce partenariat a pris une dimension nouvelle, soutenu par des accords bilatéraux et multilatéraux dans des secteurs aussi variés que l’infrastructure, l’agriculture, les technologies, et bien sûr, le droit.
- Aujourd’hui, la Chine est l’un des plus grands partenaires commerciaux de l’Afrique et un acteur incontournable dans le financement des projets d’infrastructure à travers le continent. Cela étant dit, cette coopération ne se limite pas à des accords économiques, mais s’étend également à des domaines essentiels telle la régulation des investissements étrangers et la justice internationale.
- L’importance du cadre juridique dans cette coopération.
- Le droit est la colonne vertébrale de toute relation internationale solide et pérenne. Dans le contexte de la coopération Chine/Afrique, il est crucial de développer un cadre juridique qui non seulement facilite les échanges commerciaux et les investissements, mais qui protège également les droits des citoyens et des entreprises dans chaque pays impliqué.
- Le rôle des avocats, des juristes et des diplomates dans ce processus est fondamental. Un partenariat stratégique nécessite des mécanismes juridiques qui garantissent la transparence, la prévisibilité et la protection des droits de toutes les parties. La création de normes communes de propriété intellectuelle, de droit des affaires et d’environnement est essentielle pour assurer un développement harmonieux et équilibré.
- Les accords bilatéraux et multilatéraux entre la Chine et l’Afrique doivent donc être construits sur une base solide de principes juridiques universels, tout en respectant les spécificités culturelles et sociales de chaque pays. La question de la souveraineté et de la non-ingérence doit également être prise en compte dans la formulation des politiques et des accords. Le droit doit permettre une coopération basée sur le respect mutuel, la réciprocité et l’équité.
- Les défis et opportunités du droit dans la coopération sino-africaine.
- Malgré des avancées significatives, des défis subsistent. L’un des principaux défis réside dans l’harmonisation des systèmes juridiques. La Chine et l’Afrique comptent un large éventail de systèmes juridiques, allant du droit civil au droit coutumier, en passant par des traditions juridiques très diversifiées. Il est donc nécessaire de trouver des moyens de concilier ces systèmes, tout en assurant une protection des droits fondamentaux, notamment ceux liés à l’environnement, aux conditions de travail et à la lutte contre la corruption.
- L’un des principaux défis juridiques reste la question de la régulation des investissements chinois en Afrique. Bien que ces investissements aient contribué à un développement rapide dans de nombreux pays, la question de la transparence, du respect des normes environnementales et des droits des travailleurs est au cœur des préoccupations. Les gouvernements africains doivent veiller à ce que les investissements étrangers respectent les normes locales tout en veillant à la protection des ressources naturelles et à la durabilité des projets.
- Cela ne veut pas dire que ces défis sont insurmontables. Au contraire, ils représentent des opportunités pour renforcer la coopération juridique. Le renforcement des capacités juridiques locales, la mise en place de mécanismes de règlement des différends efficaces et la promotion de la bonne gouvernance peuvent permettre de surmonter ces défis.
- Vers une coopération juridique plus inclusive.
- L’un des objectifs les plus importants de ce forum est de promouvoir une coopération juridique plus inclusive et plus équitable entre la Chine et l’Afrique. Il est essentiel de veiller à ce que les populations locales bénéficient réellement des accords conclus entre les gouvernements et les entreprises étrangères. Cela inclut la protection des droits des travailleurs, la mise en place de mécanismes d’accès à la justice et l’adhésion aux normes internationales en matière de droits de l’homme.
- Dans cette optique, il est impératif d’envisager des solutions innovantes telles que la création de comités de surveillance indépendants, le renforcement des systèmes judiciaires locaux et la formation de professionnels du droit pour qu’ils soient capables de traiter les enjeux spécifiques liés à la coopération internationale.
- Le rôle de l’Afrique dans la scène juridique mondiale.
- L’Afrique, avec ses ressources naturelles abondantes, sa jeune population dynamique et ses économies en pleine croissance, est en train de devenir un acteur clé de la scène juridique mondiale. Les pays africains, de plus en plus engagés dans des partenariats internationaux, doivent avoir leur voix au chapitre dans les discussions mondiales sur la régulation des investissements, les droits de l’homme et le commerce international.
- Le droit ne doit pas seulement être perçu comme un outil de régulation, mais comme un vecteur de développement et de progrès social. L’Afrique doit, dans cette nouvelle ère de coopération sino-africaine, se positionner comme un moteur d’innovation juridique et de transformation. Ce n’est qu’ainsi que les deux parties pourront construire un avenir où la justice, l’équité et le respect des droits humains sont au cœur de la coopération.
Conclusion
Mesdames et Messieurs,
- La coopération entre la Chine et l’Afrique est un modèle de partenariat stratégique et durable. Cependant, elle ne pourra atteindre son plein potentiel que si elle repose sur un cadre juridique solide, respectueux des droits et des intérêts de toutes les parties prenantes. Ce forum représente une occasion en or pour renforcer les liens entre la Chine et l’Afrique, partager des expériences, identifier des solutions aux défis communs et promouvoir un avenir juridique où le respect des principes universels guide chaque décision.
- Je vous remercie pour votre attention et je me réjouis des échanges riches et fructueux qui auront lieu au cours de ce forum. Ensemble, construisons un avenir où la justice et la coopération mutuelle sont les piliers de notre succès collectif.
Merci.


